La semaine dernière, j’ai commis une erreur dont l’impact est minimisé par beaucoup de gens, et pourtant bien réel. Dans le monde du travail, nous sommes tous susceptibles d’être « googlés », c’est-à-dire que notre nom peut être tapé à tout instant sur la barre du moteur de recherche par une personne qui souhaite avoir des informations sur nous et notre vie. Dans le marketing et le commerce, cette pratique est d’autant plus utilisée que les clients veulent savoir à qui ils ont affaire… un étudiant en alternance qui chante Céline Dion en karaoké le jeudi soir avec des yeux saouls, en ce qui me concerne.
Tout passe par les réseaux sociaux à présent, et je sais que j’aurais dû m’en rendre compte avant de poster des photos de moi douteuses sans mettre en place des paramètres de confidentialité qui m’auraient évité des ennuis.
Il y a une semaine, j’étais avec des amis dans le métro, dans lequel beaucoup d’affiches présentaient le slogan « J’aime mon entreprise » dans le cadre d’une campagne de bien-être dans le monde du travail. Porté par les encouragements de mes acolytes et l’idée que rien n’égale mon humour, je me prends en photo devant cette affiche, et la poste sur Twitter en citant mon entreprise, et ajoutant en guise de légende : « J’aime mon entreprise… De loin, quand je n’y suis pas, et quand je suis obligé de mentir #MensongeEntreprise».
Soudain, c’est l’escalade. Ma petite blague fait rire apparemment beaucoup d’internautes, qui ne tardent pas à la diffuser et reprendre mon hashtag. Mon entreprise se retrouve sur les feux de la rampe, mais pas grâce à une image positive… Sujette à des moqueries tout le week-end, remise en question par rapport au bon traitement de ses employés, tout est allé très vite, beaucoup trop vite. Même si j’ai effacé rapidement la photo du réseau social, le mal et le partage avaient déjà été faits : je redoutais l’arrivée du lundi.
J’avais raison. Arrivé au bureau après le week-end, j’ai senti d’emblée les regards peser sur moi, mêlés de curiosité et de reproches. Lorsque je me suis installé à mon bureau en face de Stéphane, j’ai essayé de ne pas perdre la face et l’ai salué comme d’habitude, d’un air enjoué. Stéphane me sourit et me dit « N’oublie pas de mettre un hashtag ‘sourire du menteur’ après avoir dit bonjour ». J’avale ma salive, n’ai même pas le temps de répliquer que Mike arrive dans l’open space et lance « Antoine, le patron veut te voir dans son bureau. C’est mauvais ». Mike se sent toujours obligé de préciser les évidences.
Convoqué dans le bureau du supérieur. Cela ne m’était pas arrivé depuis le lycée, quand j’avais accidentellement mis du chewing-gum dans les cheveux d’une fille de ma classe qui, après réflexion, le méritait quand même. Je m’avance honteux vers le bureau de mon dirigeant, je croise le regard d’Ariel, qui le détourne derechef. Mais enfin, cela ne peut pas être si grave !
Pourtant, si. Après cet entretien, j’ai compris une chose très importante : une entreprise est comme un navire qui fonctionne grâce à ses matelots, qui représentent celui-ci. Un employé se fait donc ambassadeur de l’entreprise, et participe intégralement à son image. En publiant cette photo sur les réseaux sociaux, je ne voulais pas faire de mal, je voulais juste faire une plaisanterie que je pensais sans conséquences, mais il s’est avéré que les effets de rumeur et de buzz vont très vite.
Tout s’est arrangé à la fin de la semaine lorsque mon supérieur a réuni tout le monde et nous a formés sur le rôle de l’e-réputation. L’important à retenir, c’est qu’il faut toujours être vigilant face au contenu de nos publications sur l’internet, et que les employés peuvent se faire caisses de l’e-réputation de la boîte. Mon supérieur a alors mis en place des ateliers de formations sur l’internet et les réseaux sociaux qui vont nous permettre de mieux comprendre les enjeux du web face au monde du travail.
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