Le sexisme au travail : quels sont les secteurs les plus touchés ?
Le sexisme au travail est une réalité. Une enquête menée en 2014 du Haut Conseil à l’Egalité chiffre l’ampleur du phénomène pour les femmes salariées :
• 81% ont déjà entendu des remarques désobligeantes.
• 14% ont déjà entendu qu’elles n’étaient pas à leur place.
• 90% pensent qu’il est plus facile de faire carrière pour un homme.
• 59% se sentent exclues ou marginalisées.
• 46% s’estiment sous-estimées dans leur travail.
Ces chiffres sont dus à leur appartenance à la catégorie des femmes. Le sexisme étant un rapport de force entre sexe, il existe bel et bien au travail.
Certaines professions paraissent plus touchées que d’autres. Le sexisme est plus présent dans le secteur privé, dans les structures de moins de 11 salariés et dans le secteur tertiaire. Les secteurs d’activités où les femmes sont le plus victimes de sexisme sont :
• Le commerce et l’artisanat (20%)
• L’industrie (19%)
• Le milieu médical et hospitalier (15%)
• L’administration et le parapublic (10%)
• La restauration-hôtellerie (11%)
• Les services et le tertiaire (10%)
Les attentions sexuelles non désirées seraient plus marquées dans l’hôtellerie-restauration, la santé, le transport, la communication et l’éducation.
Certaines professions, notamment celles traditionnellement masculines, sont aussi des bastions de machisme et de remarques sexistes. C’est le cas pour les métiers de policiers ou gendarmes, de conducteur d’engin ou d’agents de sécurité.
Zoom sur la restauration, un secteur qui s’ouvre aux femmes ?
Bien que les femmes soient des cuisinières du quotidien, le milieu de la restauration est traditionnellement masculin. Les images de chefs étoilés ou réputés montrent souvent des hommes. L’idée sous-jacente, c’est que les femmes sont bonnes à faire la cuisine pour la famille dans le cadre du foyer et les hommes bons à cuisiner pour des invités dans le cadre professionnel d’un restaurant.
Ce blocage des femmes dans le secteur de la restauration semble pourtant terminé. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à s’orienter vers la restauration pour leur carrière professionnelle. Elles font irruption dans ce milieu masculin. On peut le voir à travers la nouvelle génération de cheffes, notamment avec les cheffes du Clan des Madones.
L’ouverture du secteur de la restauration aux femmes se voit aussi dans les grandes écoles. Ferrandi, l’une des meilleures écoles de cuisine, accueillait en 2013, 198 étudiants dont 108 femmes. Elles étaient majoritaires dans les formations en pâtisserie ou dans celles internationales. Elles sont aussi plus nombreuses à se reconvertir professionnellement dans la restauration.
Plus de femmes mais des violences sexistes qui persistent !
Si les femmes intègrent le secteur de la restauration, cela ne veut pas dire qu’elles sont égales aux hommes. En cuisine, les femmes restent victimes de comportements machistes. D’après Alix Lacloche, membre du Clan des Madones, « toute la journée, on vous rappelle que vous êtes une femme ».
Cette attitude serait due à un préjugé sur l’absence de légitimité des femmes à travailler dans des cuisines professionnelles. Ce comportement sexiste peut rapidement passer du machisme au harcèlement. De nombreuses femmes commises de cuisine ont dû démissionner suite à des violences sexistes ou portent plaintes pour harcèlement.
De plus, les écoles de cuisine ont beau admettre de plus en plus d’étudiantes, elles ne les protègent pas toujours en cas d’harcèlement. L’exemple de Constance, harcelée pendant son stage en restaurant, qui s’entend répondre par l’un de ses professeurs qu’il faut qu’elle s’habitue à la violence sexiste, montre que les professionnels ne prennent pas de mesures réelles.
Une enquête menée en Seine-Saint-Denis sur le sexisme et les violences sexistes montre que les femmes qui travaillent dans l’hôtellerie-restauration sont plus souvent la cible d’insultes. 62% des sondées salariées de l’hôtellerie-restauration déclarent avoir déjà entendu des blagues sexistes ou sexuelles.
Certaines n’hésitent pas à se servir du sexisme pour être embauchées. Par exemple dans le domaine de la vigne, les femmes n’hésitent pas à jouer de leur charme pour être prises. Elles intimident moins les clients et leurs corps sont des atouts dans la profession.
Certains facteurs expliquent ce sexisme dans la restauration :
• Horaires de nuit ou horaires décalés
• Emploi en relation avec le public
• Petite structure peu syndiquée
Pour résumé, le sexisme au travail s’immisce partout et particulièrement dans certains secteurs comme la restauration. Sous l’apparente évolution des mœurs, ces secteurs restent des bastions masculins peu ouverts aux femmes.