L’égalité hommes/femmes, un idéal à atteindre ?
Depuis les premiers mouvements d’émancipation des femmes, les femmes soutenues par certains hommes réclament l’égalité. L’égalité personnelle et professionnelle. Les gouvernements nationaux, les organisations internationales, l’Union Européenne soutiennent ouvertement un objectif d’égalité entre les sexes.
Néanmoins même si l’égalité hommes/femmes semble être un idéal à atteindre, l’évolution se fait attendre. Et les récents chiffres ne montrent pas une avancée réelle malgré son inscription à l’agenda politique.
Les évolutions juridiques en faveur de l’égalité hommes/femmes
Depuis les lois Roudy (1983) et Genisson (2001), l’égalité professionnelle est prise en charge par la loi. La Loi Roudy transpose les directives européennes sur les notions d’égalités de traitement notamment sur la question salariale. La loi Roudy vient également compléter la directive par la notion d’égalité des chances. La loi Genisson vient en soutien à la loi Roudy notamment sur les mesures de rattrapage à prendre pour endiguer les inégalités hommes/femmes. Elle impose aux entreprises de rédiger un rapport de situation comparée avec des indicateurs chiffrés pour rendre les discriminations sur le sexe visibles.
En 2011, l’obligation de parité dans les conseils d’administration a été rendue obligatoire. Elle concernait :
• Les entreprises publiques
• Les EPIC
• Les sociétés anonymes
• Les sociétés en commandites non cotées (sous certaines conditions)
Mais, parité ne signifie pas égalité. La parité demandait 20% de femmes dans les conseils d’administration en 2014. Elle passe à 40% minimum à partir de 2017.
Plus récemment, le gouvernement Hollande a pris en charge la question de l’égalité hommes/femmes. Deux lois ont été prises pour mettre un terme aux inégalités :
• La loi du 4 août 2014 pour l’égalité réelle entre les hommes et les femmes
• La loi relative au dialogue social du 24 juillet 2015
Ces lois ont pour objectif d’obliger les entreprises à respecter les exigences en termes d’égalité professionnelle.
La loi sur l’égalité réelle réforme le congé parental afin de favoriser un partage de la responsabilité parentale entre les hommes et les femmes. Elle prévoit aussi une meilleure protection des mères isolées en cas de pension alimentaire impayée. Il est aussi prévu de renforcer les sanctions en cas de licenciements liés au harcèlement sexuel ou de violences faites aux femmes. Elle étend également le principe de parité.
La loi relative au dialogue social met l’accent sur la lutte contre les inégalités liées au sexe. La parité doit désormais être respectée sur les listes pendant les élections professionnelles. La parité est rendue obligatoire dans les commissions des TPE, les conseils prudhommaux et aux administrateurs salariés.
Des inégalités qui persistent
L’égalité toujours pas atteinte dans l’emploi
Si la lutte contre les inégalités liées au sexe est aujourd’hui un objectif de société, elle est arrivée par l’Union Européenne et l’emploi. Combattue depuis plus de cinquante ans, les inégalités professionnelles sont loin de disparaitre.
Les chiffres rendent visibles les inégalités que subissent les femmes dans le champ du travail :
• A poste et expérience équivalents, les femmes touchent 9% de moins que leurs homologues masculins. L’inégalité salariale explose chez les cadres où les femmes gagnent 29,1% de moins que les hommes. L’écart est réduit à 8,4% pour les employés.
• Si les femmes réussissent mieux leurs études, elles subissent plus de difficultés que les hommes sur le marché du travail. Le taux d’emploi des femmes (46,9%) est plus faible que celui des hommes (55%). Les femmes immigrées ont encore plus de difficultés (39,3%).
• Les femmes sont minoritaires dans la création d’entreprise : elles ne représentent que 28%.
• Les femmes restent limitées par le plafond de verre : elles représentent 0% des présidents des entreprises cotées en bourse, 13% des membres exécutifs, 34% des membres non exécutifs.
• Malgré les lois sur la parité, les femmes sont minoritaires dans les conseils régionaux (17,6%), départementaux (9,9%) et municipaux (16%).
• Elles ont des situations plus précaires. 80% des emplois à temps partiel sont occupés par des femmes.
Avoir des enfants augmente les inégalités professionnelles. Les femmes choisissent souvent des emplois à temps partiel avec de moins grandes responsabilités pour s’occuper de leurs enfants.
Les inégalités dans l’emploi sont renforcées par la ségrégation professionnelle. Il y a désormais des emplois masculins et des emplois féminins. Par exemple, les femmes représentent 97,7% des assistantes maternelles, des aides ménagères et des aides à domicile.
D’après une étude américaine de l’Université de Denver « Benchmarking Women’s Leadership » publiée en 2013, l’égalité professionnelle entre hommes et femmes sera atteinte en 2085. Ce serait aussi l’année où les femmes deviendraient aussi nombreuses que les hommes à des postes de direction.
Des inégalités aussi en dehors de l’emploi
Les femmes sont plus précaires que les hommes. Chez les personnes âgées de plus de 75 ans, les femmes sont particulièrement touchées par la pauvreté à cause de pensions de retraite inférieures (interruption de carrière, temps partiel, salaire bas…). Les femmes de moins de 30 ans sont aussi victimes de la pauvreté, notamment lorsqu’elles sont mères célibataires. 20% des femmes âgées de 18 à 29 ans vivent sous le seuil de pauvreté contre 13,7% des hommes.
Les inégalités hommes/femmes sont aussi visibles dans le partage des tâches domestiques. Les femmes passent plus de temps que les hommes à travailler pour le foyer ou à s’occuper des enfants. En 2010, les femmes consacraient 3h52 aux tâches domestiques alors que les hommes y consacraient 2h24.
Les femmes réussissent mieux leurs études mais moins bien les concours. Par exemple, les femmes sont majoritaires dans les études culturelles. Pourtant entre 2010 et 2015, aucune femme n’a été lauréate dans le cinéma.
L’égalité hommes/femmes est aussi mise à mal par les violences domestiques. 223.000 femmes sont victimes de violences physiques ou sexuelles de la part de leur conjoint ou ex-conjoint tous les ans, pour 80.000 hommes.
A la question : « à quand l’égalité hommes/femmes ? », les chercheurs de l’Université de Denver vous répondent 2085. Mais cette égalité est professionnelle. La réponse concernant l’égalité réelle reste incertaine.